La France : un Eden pour les retraités ?

Au-delà des débats politiques sur la retraite, les chiffres décrivent une situation globalement favorable aux seniors, en tous cas par rapport aux autres pays occidentaux.

Retraités : plus longtemps qu’ailleurs…

En France, les salariés partent à la retraite en moyenne à 61,9 ans, soit 16 mois avant les salariés européens. Seuls les salariés luxembourgeois partent avant les Français.

Ceci contribue à l’espérance de vie à la retraite la plus élevée de tous les pays de l’OCDE : 26,9 années pour les femmes et 22,7 pour les hommes. La moyenne OCDE est respectivement de 22,5 et 17,8.

Il est vrai que l’effet, réel par ailleurs, des cinq réformes de la retraite intervenues en France entre 1993 et 2014, a été atténué par l’introduction de mesures de départ anticipé, notamment pour carrière longue ou pénibilité. Un départ à la retraite sur deux se fait sur une telle mesure.

…  et avec un niveau de vie supérieur à celui des actifs

Et le revenu des retraités ? Là aussi, la France fait exception. A part le Luxembourg, la France est le pays où le rapport entre le revenu des retraités de plus de 65 ans et celui des actifs est le plus élevé : 103,2 en 2018. La moyenne de l’OCDE est de 87,4 (Allemagne : 88,6, Suède : 85,5).

Alors, la France, un Eden pour les seniors ? Pas si sûr…

Une population marginalisée 

Tous les salariés ne souhaitent pas forcément partir tôt. Or, les entreprises ne favorisent guère l’emploi des salariés dits expérimentés. En effet, seuls 31 % des 60-64 ans sont encore en emploi. Ce taux est très faible : la moyenne de l’Union Européenne est de 44 % et celle de l’OCDE de 51 % (Scandinavie : le double de la France).

Au final, certes, les seniors sont globalement bien traités (il y a bien sûr d’importantes disparités) et font des envieux à l’étranger. Mais c’est la traduction de la difficulté française à reconnaître et valoriser l’expérience et la compétence acquises au long des années. Et cela a un prix.

Des dépenses de retraite très élevées

Subie ou assumée, la situation ci-dessus a un coût élevé pour la collectivité. Les dépenses de retraite représentaient, en 2020, 14,7 % du PIB. Bien sûr, l’effet Covid aggrave ce taux. Mais en 2015, il s’élevait déjà à 13,9 %, contre 8 % en moyenne dans l’OCDE (Allemagne : 10 %).

Ce niveau très élevé des dépenses de retraite contribue au déficit des comptes publics français et à l’endettement du pays. Est-ce soutenable ? La Cour des comptes résume la problématique : « … la maîtrise des dépenses de retraite passe par un recul des âges de départ à la retraite ou une baisse du niveau relatif des pensions. ».

La retraite reste ainsi un des enjeux sociaux majeurs de notre société.

Betrand Reynaud / Nessy Consulting

Sources :

  • Panorama des pensions 2019 – OCDE« Continuer à adapter le système de retraite pour résorber les déficits et renforcer l’équité »
  • Rapport de la Cour des comptes d’octobre 2021
  • « Favoriser l’emploi des travailleurs expérimentés ». Rapport Bellon – Mériaux – Soussan du 14-01-2020

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