L’entretien professionnel obligatoire, introduit en 2014, est un dispositif légal destiné à accompagner le développement professionnel des salariés. Avec bientôt 10 ans de recul, nous pouvons nous interroger sur l’adoption et l’efficacité de ce processus par les entreprises, ainsi que sur les conséquences potentielles que certaines prennent en ne le mettant pas en place correctement.
Adoption par les Entreprises
Les entreprises semblent adopter l’entretien professionnel avec des degrés d’engagement très variés ! Tandis que certaines sociétés l’ont intégré comme un outil stratégique de gestion des talents, d’autres le perçoivent comme une obligation légale, formelle et pénible. Malgré son caractère obligatoire, une étude récente indique que seulement 50% des entreprises le met en œuvre de manière systématique, encore moins parmi les petites entreprises. Le chiffre des entreprises en faisant réellement un bon usage et non pas uniquement pour « cocher la case » est probablement largement inférieur.
Utilité de l’Entretien Professionnel
L’efficacité de l’entretien professionnel est un vrai sujet de débat. Il a été pensé pour responsabiliser l’entreprise dans la gestion de carrière de ses salariés, au sein de l’entreprise et au-delà. Il permet en effet de planifier les parcours professionnels, d’identifier les besoins en formation nécessaires pour y arriver, et de favoriser le dialogue entre salariés et managers. Il peut véritablement être un levier de fidélisation et de considération pour les salariés, s’il est pris sérieusement, et bien préparé par le salarié : il nécessite en effet d’avoir réfléchi au préalable à ses envies de développement et les moyens d’y arriver. Beaucoup d’entreprises soulignent que sa formalisation excessive peut le rendre bureaucratique et superficiel, perdant ainsi son potentiel d’outil de développement. Et certaines se cachent derrière ce constat pour ne pas tenter d’en exploiter les intérêts !
Risques de Non-Application
Les risques liés à la non-conduite des entretiens professionnels sont importants. Le premier risque est financier, puisque l’entreprise n’ayant pas mis en place l’entretien tous les deux ans ainsi que le bilan à 6 ans, est sensée abonder de 3 000 euros (en 2023) le CPF des salariés concernés. Toutefois, beaucoup d’entreprise prennent ce risque, puisqu’en cas de rappel par l’inspection du travail, il n’y a pas de pénalité immédiate, le coût est le même. Il existe un risque juridique également car en cas licenciement ou de contentieux prud’homal, cela peut fragiliser la posture de l’entreprise. Mais le risque réel reste un risque RH, celui de manquer l’opportunité d’anticiper le développement des compétences de ses salariés, de leur permettre de construire un plan de carrière au sein de l’entreprise et au-delà et ainsi de les motiver !
En conclusion
L’entretien professionnel obligatoire demeure un outil clé dans la gestion des ressources humaines. Son efficacité dépend largement de la manière dont il est mis en œuvre. Pour qu’il soit véritablement bénéfique, il doit être perçu non comme une simple formalité, mais comme un moment d’échange constructif, visant à l’épanouissement professionnel du salarié et à l’optimisation des compétences au sein de l’entreprise. Les entreprises doivent prendre conscience des risques encourus en cas de non-application, réfléchir à intégrer pleinement cet outil dans leur stratégie de gestion des talents et former les managers pour leur permettre de transformer cet exercice de la simple obligation à un véritable levier de motivation !